Les animés japonais sont souvent synonymes de créativité débordante, d'intrigues passionnantes et d'animations époustouflantes. Mais parfois, il arrive que l'on tombe sur des œuvres qui défient toute logique, celles qui suscitent moins l'admiration que l'incompréhension. Qu'il s'agisse d'erreurs de jugement, de contraintes budgétaires ou d'expérimentations audacieuses qui n'ont pas tout à fait pris, ces animés sont devenus célèbres non pas pour leur qualité, mais pour leur étrangeté ou leur maladresse. Voici un aperçu de quelques-uns des plus notoires.
1. "Chargeman Ken!"
Créé par Eiji Tanaka et produit par Knack Productions en 1974, "Chargeman Ken!" est un OVNI de l'animation qui semble avoir été conçu dans l'urgence et l'improvisation. L'intrigue suit Ken Izumi, un garçon de dix ans qui combat des extraterrestres, les Juraliens, venus envahir la Terre. Si le synopsis semble simple, l'exécution l'est encore plus.
L'animation est minimaliste au point de se demander si elle n'a pas été réalisée à l'aide d'un logiciel de diaporama. Les personnages restent figés, les scènes sont souvent répétées, et le tout est agrémenté de dialogues absurdes et de trous dans l'intrigue. Ce qui aurait pu être un récit de science-fiction divertissant se transforme en une suite de sketches involontairement comiques. Pourtant, "Chargeman Ken!" a gagné un certain statut culte au Japon, où il est régulièrement célébré pour sa maladresse attachante.
2. "Pupa"
Adapté du manga de Sayaka Mogi par le studio Deen et réalisé par Tomomi Mochizuki en 2014, "Pupa" avait tout pour devenir un anime d'horreur marquant. L'histoire suit Utsutsu et Yume Hasegawa, un frère et une sœur qui sont frappés par une mystérieuse maladie. Yume se transforme en monstre cannibale, et Utsutsu, incapable de se résoudre à la perdre, accepte de devenir sa proie régulière.
Si le concept de départ est intrigant, l'exécution laisse perplexe. Chaque épisode dure à peine quatre minutes, un format étrange pour un récit aussi dense et émotionnellement complexe. L'animation oscille entre l'acceptable et le très basique, tandis que les coupures brusques et les censures excessives nuisent à toute tentative d'immersion dans l'horreur. "Pupa" est devenu l'exemple type d'une adaptation ratée, où le potentiel du matériau d'origine s'est perdu dans une production incohérente et frustrante.
3. "Mars of Destruction"
"Mars of Destruction", un OAV produit par Idea Factory et réalisé par Yoshiteru Sato en 2005, est souvent cité comme l'un des pires animés jamais créés. L'histoire se veut un thriller de science-fiction dans lequel la Terre est attaquée par des extraterrestres, les Ancients, et la seule défense de l'humanité repose sur Takeru Hinata, un jeune homme équipé d'une mystérieuse armure.
Malheureusement, l'OAV souffre de nombreux défauts. L'animation est rigide, le design des personnages est générique, et les dialogues sont risibles par leur manque de naturel. À cela s'ajoute une intrigue bourrée de clichés, mal construite et sans véritable développement. L'OAV dure à peine 20 minutes, mais parvient tout de même à accumuler un nombre impressionnant d'incohérences et de moments involontairement drôles. Malgré tout, il jouit aujourd'hui d'un statut culte auprès des amateurs d'animés "si mauvais qu'ils en deviennent bons".
4. "Ex-Arm"
"Ex-Arm", basé sur le manga de HiRock et Shin-ya Komi, est un cas particulièrement regrettable. Adapté par le studio Visual Flight en 2021 et réalisé par Yoshikatsu Kimura, cet anime cyberpunk avait pour ambition de proposer une animation en 3D novatrice et percutante. Malheureusement, il est devenu l'un des pires échecs d'animation de ces dernières années.
La série souffre d'une animation 3D rigide et maladroite qui donne l'impression que les personnages sont faits de plastique. Les mouvements sont peu naturels, les expressions faciales sont limitées, et le rendu final est souvent plus proche d'un jeu vidéo daté que d'un anime contemporain. Ce contraste est d'autant plus frappant que le ton de la série se veut sérieux et sombre, rendant chaque scène involontairement comique. "Ex-Arm" est rapidement devenu un mème sur Internet et un exemple de ce qu'il ne faut pas faire avec la 3D.
5. "Skelter Heaven"
"Skelter Heaven" est un autre projet signé Idea Factory, réalisé par Yoshiteru Sato en 2004. Cet OAV raconte l'histoire d'une escouade de jeunes filles pilotant des mechas pour défendre la Terre contre une invasion extraterrestre. L'idée, bien que classique, aurait pu donner naissance à une œuvre divertissante... mais le résultat final est tout autre.
L'animation semble datée même pour son époque, les scènes d'action sont molles, et l'histoire ne va nulle part. Les dialogues sont souvent confus, et les personnages manquent cruellement de profondeur ou de motivation. L'ensemble est tellement décousu qu'il est difficile de comprendre ce que l'OVA essaie vraiment de raconter. "Skelter Heaven" est souvent cité aux côtés de "Mars of Destruction" comme un exemple de ce qu'il ne faut pas faire dans l'animation japonaise.
Ces animés, bien qu'ils n'aient pas marqué l'histoire pour les bonnes raisons, ont néanmoins leur place dans la culture pop. Ils rappellent que, même dans un média aussi vaste et varié que l'animation japonaise, il peut y avoir des ratés mémorables. Que ce soit par manque de moyens, de vision, ou par des choix créatifs discutables, ces œuvres continuent de fasciner ceux qui osent les découvrir. Parfois, le pire peut aussi devenir le plus mémorable.