Festival de Phallus près de Tokyo

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Un festi­val d'un genre très parti­cu­lier s'installe à chaque prin­temps près de Tokyo et réunit des milliers de parti­ci­pants autour de statues et de gadgets repré­sen­tant le sexe mascu­lin.

 

 

Le dimanche, vous êtes plutôt repas de famille, repos et respect des saintes tradi­tions ? Voilà un festi­val qui, hier, était à l'op­posé total de votre programme. Au Japon, à chaque prin­temps, s'ins­talle le Shinto Kana­mara Matsuri. Un festi­val un peu parti­cu­lier, durant lequel des milliers de parti­ci­pants se rassemblent dans les rues de Kawa­saki, loca­lité voisine de Tokyo, et marchent en bran­dis­sant trois massives statues repré­sen­tant un... Phal­lus. L'une d'entre elles est aussi grande qu'une homme adulte. Mais ce n'est pas tout ! Choco­lats, gadgets et toute réfé­rence au sexe mascu­lin sont les bien­ve­nus et vendus en masse en marge du défilé. Un événe­ment qui déroge évidem­ment avec la pudeur norma­le­ment prônée dans les espaces publics. De quoi décon­te­nan­cer certains touristes trop peu aver­tis.

Mais d'où sort cet étrange folk­lore, serez vous tenter de deman­der ? D'une légende biblique, avant tout. Il se raconte que durant l'Ère Edo (1603–1868), un démon aux dents acérées qui vivait dans le vagin d'une femme avait castré plusieurs malheu­reux le soir de leur nuit de noce. Un forge­ron avait alors créé une sorte de gode­mi­chet en acier pour briser les dents du démon. Et voilà comment on en arrive à hisser haut des répliques de sexe géant, chaque année à la même période. Hier, la foule était d'ailleurs parti­cu­liè­re­ment bruyante et agitée autour d'une effi­gie de phal­lus de couleur rose, offerte par un groupe de traves­tis et portant même le nom de Eliza­beth.

« Les gens viennent prier pour la chance et deman­der aux dieux de les proté­ger. Le festi­val est enra­ciné dans le passé mais a toujours un rôle impor­tant à jouer dans la société moderne », explique de son côté le prêtre Hiroyuki Naka­mura à l'AFP. Il ajoute, sans malice ni aucune forme de déri­sion : « Si les jeunes enfants ne prennent pas l'ha­bi­tude de voir des organes géni­taux mascu­lins, ils pour­raient être paniqués le moment venu ». Ce que ne dit pas préci­sé­ment ce prêtre, c'est que l'objet de cette marche est aujourd'­hui de prôner à la fois la ferti­lité et l'en­fan­te­ment, mais égale­ment la protec­tion face aux mala­dies sexuel­le­ment trans­mis­sibles.

Au-delà des aspi­ra­tions mystiques et des croyances, le festi­val permet alors de récol­ter des fonds impor­tants via la vente des produits déri­vés. L'argent est ensuite reversé à la recherche sur le sida. Cela s'ins­crit dans la même logique que l'opé­ra­tion Sidac­tion, qui mobi­lise médias et béné­voles partout en France durant le même week-end. Mais la culture japo­naise accorde une part plus festive et sacrée à l'opé­ra­tion. En plus des dons récol­tés, le sanc­tuaire où trône un phal­lus d'acier d'un mètre en hommage aux divi­ni­tés shinto reçoit toute l'an­née la visite de couples qui cherchent à augmen­ter leurs chances d'avoir une progé­ni­ture. Au fil des siècles, les pros­ti­tuées du monde entier ont égale­ment fait le voyage au sanc­tuaire.

Désor­mais, c'est le lieu de rassem­ble­ment d'une parade bien plus touris­tique. Ce qui n'em­pêche pas les Japo­nais de prendre ce moment très à cœur et de faire appel aux convic­tions d'an­tan, tout y mêlant une forme de célé­bra­tion plus contem­po­raine. C'est pourquoi l'on pouvait voir de nombreuses personnes donner des coups de langue faus­se­ment agui­cheurs à leur sucettes en forme de pénis, ou de voir ci et là des plai­san­tins se prendre en photo dans tous les posi­tions autour des statues offi­cielles et offi­cieuses. Sans oublier les adeptes de sextoys sortis pour l'oc­ca­sion et expo­sés à la vue de tous. Ils sont quand même un peu fous, ces Japo­nais !

 

Source : VSD