Dernier numéro du mensuel des yakuzas

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« Jitsuwa Dokyumento » cesse sa parution. Proche du milieu japonais, il a été lâché par les banques suite à la loi de 2011 qui sanctionne les liens avec le crime organisé.

 


En avril, les passionnés de l'actualité des yakuzas ne retrouveront pas leur mensuel favori dans les librairies japonaises. Jitsuwa Dokyumento, périodique haut en couleur spécialisé dans la tumultueuse actualité de la pègre japonaise, a fait paraître son dernier numéro le 29 mars.


Si ce n'est des remerciements aux lecteurs pour leur fidélité, la dernière « une » ne déroge pas à ce qui a fait le succès du magazine depuis sa création en 1984. Entre des photos de Shinobu Tsukasa, oyabun (parrain) du puissant gang Yamaguchi-gumi et de Kunio Inoue, du clan rival Yamaken-gumi, elle mentionne un dossier de 30 pages sur l'Aizukotetsu-kai, vénéneuse organisation basée à Kyoto (ouest du pays) confrontée à des problèmes de pouvoir.

Loin de se limiter aux conflits entre gangs, le magazine, créé il y a 34 ans par l'éditeur Takeshobo, traitait également de préoccupations plus quotidiennes du milieu, auquel appartiendrait l'essentiel de son lectorat. Le mensuel publiait ainsi des articles sur les artistes d'« irezumi », le tatouage spécial des yakuzas, l'activité des mouvements d'extrême droite, dont certains restent proches ou font partie de la pègre, voire sur le « mizu-shobai », le « commerce de l'eau », qui qualifie les activités nocturnes des quartiers chauds des grandes villes.

En marge du contenu éditorial, le mensuel vivait des publicités pour des services sexuels, des salons de tatouage ou encore la très active industrie du cinéma pornographique. Il publiait également des mangas érotiques ou encore des reportages photos sur la criminalité à l'étranger.

S'écoulant à quelque 70 000 exemplaires chaque mois, le Jitsuwa Dokyumento n'avait pas de problème d'argent. Sa fin serait due à « l'application des dernières législations », explique anonymement l'un de ses contributeurs dans l'édition du 16 mars du tabloïd Cyzo.

De fait, la loi de 2011 sur le crime organisé interdit et sanctionne toute activité en lien avec les organisations mafieuses. Des établissements bancaires et des entreprises ont déjà été punis. Si bien que les éditeurs de ce magazine perçu comme évoluant en eaux troubles compte tenu des sujets traités, se heurtent à des problèmes de financement. En 2013, après le refus de sa banque de lui octroyer des fonds pour publier Jitsuwa Dokyumento, Takeshobo avait cédé le mensuel à l'éditeur Myway. C'est un problème similaire qui aurait contraint ce dernier à supprimer la publication.

 

Source : Le Monde