Le Japon trinque au Beaujolais nouveau

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Mercredi soir dès minuit, le Japon s'apprête, avec huit heures d'avance sur la France, à faire sauter les bouchons de Beaujolais nouveau. Le pays, à qui le décalage horaire permet chaque année d'être parmi les premiers de la planète à trinquer, déroule encore une fois le tapis rouge au vin français, malgré un contexte économique difficile.

 

 

Dès le 4 novembre, les premières caisses du nectar prisé par les Japonais ont été accueillies à l'aéroport comme des stars par les médias nippons. Le pays, deuxième consommateur au monde de Beaujolais nouveau juste derrière la France, avec 7 millions de bouteilles importées en 2013, et loin devant les Etats-Unis (3e avec 1,8 million de bouteilles), devrait selon les premiers éléments en importer au moins autant cette année.

 

 

Terre extrêmement favorable à cet événement automnal qu'il accueille depuis 1985, le Japon entretient une relation particulière avec le breuvage. Les Nippons ont par exemple été les premiers à boire du Beaujolais nouveau rosé en 2006, avant qu'il ne soit vendu en France l'année suivante. Plus récemment, l'Archipel a aussi servi de «terrain d'essai» à des vins de meilleure qualité: «On a de plus en plus de demande pour des cuvées haut de gamme», remarque Jean Bourjade, délégué général de l'interprofession des vins du Beaujolais. «Des vins travaillés de manière différente par les vignerons, avec des temps de vinification plus longs. Cette tendance, qui a commencé au Japon il y a deux ou trois ans, est en train d'arriver en France», explique-t-il, estimant «qu'il y aura dans les années à venir de moins en moins de Beaujolais nouveau d'entrée de gamme», au profit de ces vins plus chers.

Un Beaujolais pas toujours nouveau

Outre l'attrait irrésistible des produits français au Japon et un goût prononcé du pays pour l'alcool, cette popularité s'expliquerait par une histoire de calendrier. «Les Japonais adorent les fêtes et festivals saisonniers, cela explique en grande partie le succès du Beaujolais nouveau», pense Yasunari Fujiwara, gérant de deux bars à vin dans le quartier animé de Jiyugaoka, au sud de Tokyo. De fait, d'opérations spéciales en formules «boisson à volonté», très populaires dans l'Archipel, le Beaujolais nouveau s'affiche un peu partout, accommodé dans des chocolats, versé dans des bains thermaux et servi jusque sur les vols en première classe et business class de la compagnie Japan Airlines.

Sous le charme de l'événement, les Japonais sont parfois victimes d'une certaine confusion dans le marketing et les appellations. Des patrons de bars interrogés par 20 Minutes assurent ainsi servir à leurs clients du vin blanc en guise de Beaujolais nouveau, qui n'existe pourtant qu'en rouge et rosé.

Evolution des modes de consommation

D'autres maux guettent le vin: «Avec le tapage médiatique permanent, il y a un effet de lassitude», admet le gérant d'un magasin de la chaîne de boutiques de vin Enoteca. Plus préoccupant, avec la baisse du cours du yen qui entraîne une augmentation des coûts d'importation, et la récente augmentation de la TVA, le Japon, en récession au troisième trimestre 2014, surveille également son porte-monnaie.

Pour autant, le gérant du magasin ne prévoit pas de baisse de ses ventes pour cette année, constatant plutôt une évolution des modes de consommation: «Au lieu d'aller dans un bar, de plus en plus de gens boivent chez eux» pour réduire les coûts, note-t-il. Et ainsi ne pas déroger à la tradition.

 

Source : 20minutes