L'extraordinaire histoire des chrétiens d'Urakami

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En 1865, on a découvert un groupe de Japonais restés secrètement fidèles à leur foi catholique isolés du monde pendant plus de 200 ans.

 

 

Lorsqu'ils débarquent au Japon au milieu du XIXè siècle, les prêtres Missions étrangères de Paris découvrent une communauté chrétienne totalement coupée du reste de la chrétienté depuis plus de deux siècles. Héritiers d'une foi et de rites transmis par les tout premiers missionnaires jésuistes et franciscains au XVI siècle.

En 1543, les premiers marchands Portugais débarquent au Japon ; six ans plus tard, en 1549, saint François Xavier, l'un des fondateurs de la compagnie de Jésus, pose le pied sur le sol de l'archipel nippon. Avec deux autres compagnons jésuites, ils s'installent dans un pays dont ils ne connaissent ni la langue ni les usages et en proie à la guerre civile. Leur mission: viser les élites sociales pour s'implanter, construire des églises et annoncer l'Evangile et le Christ. Très vite, ils découvrent une société japonaise divisée - grossièrement - en deux classes: les guerriers, de grands seigneurs féodaux qui dirigent le Japon, et la paysannerie. Très vite aussi, ces hommes envoyés en Extrême-Orient qui sont issus des meilleures universités d'Europe, comprennent la richesse de la culture japonaise et le niveau intellectuel des Japonais. "Il y a eu une réelle rencontre entre des gens de civilisation complètement différentes", explique Sylvie Morishita. Au début du XVIIè siècle, il y a 300.000 chrétiens au Japon.

Dès 1587, émerge un pouvoir central à tendance totalitariste, en la personne de Toyotomi Hideyoshi qui se méfie des missionnaires et des chrétiens en général. Il condamne à l'exil Takayama Ukon, un samouraï converti au catholicisme, par ailleurs déclaré martyr par le pape François et dont la cause en béatification a été introduite. En 1597, ce sont 26 chrétiens qui sont crucifiés à Nagasaki. Mais ce n'est qu'en 1614 que le christianisme est officiellement interdit. Passé sous le contôle du clan Tokugawa, en 1641, l'archipel se ferme totalement et complètement du monde extérieur, renonce à toute relation diplomatique et à tout contact avec les étrangers. Une décision qui peut paraître étonnante surtout que cette fermeture du pays durera jusqu'en 1853! Pendant plus de 200 ans, le Japon a vécu en autosuffisance, guidé par un pouvoir policier.

En 1853, sous la pression des Américains les Japonais acceptent de s'ouvrir au commerce et admettent aussi la présence de prêtres et religieux sur leur sol - mais uniquement pour le besoin spirituel des Occidentaux. Le Saint-Siège envoie alors le père Bernard Thaddée Petitjean (1829-1884) s'installer à Nagasaki. Ce jeune prêtre de 36 ans qui a bâti une église sur un sol bénéficiant de l'extraterritorialité a confié dans ses écrits une anecdote incroyable. Un jour, le 17 mars 1865 à midi, ce prêtre sans paroissiens qui s'ennuyait, voit des personnes pousser la porte de son église. C'est un groupe de Japonais qui s'approchent de lui et lui disent: "Notre coeur est comme le vôtre". Ce sont des chrétiens du village d'Urakami qui, depuis plus de 200 ans, étaient restés fidèles à leur foi dans le plus grand secret et attendaient le retour d'un prêtre.

 

Source : RCF Radio